FACE AUX GRANDES PEURS : L’INDUSTRIE DU PSCHIIIT, UNE NOUVELLE RELIGION ?
Les publicités nous assènent l’impériosité de sentir bon, de se détoxifier, de se purifier. La toxicité de ces produits n’est pas étudiée car cela coûte cher, et la loi, via la Direction Générale pour la Consommation et la Répression des Fraudes, oblige les industriels à étudier eux-mêmes cette toxicité, et encore, uniquement au-dessus d’un certain tonnage de production. D’où l’intérêt de multiplier la diversité des produits pour rester en dessous de cette obligation d’étude coûteuse. Donc, en général, on ne sait pas si ces produits sont toxiques. Peut-être, peut être pas… Je voudrais lancer une alerte sur la potentielle toxicité des parfums d’ambiance et désodorisants de toutes sortes.
La population n’est pas sensibilisée au problème. Non seulement ils ne pensent pas s’intoxiquer avec ces produits, mais, pire, leur but est de purifier l’air qu’ils respirent. Le seul air dont on soit sûr qu’il est bon à respirer est celui qui est dehors, dénué d’ajout. Les gens ont un tas de frayeurs à propos de ce qu’on pourrait leur cacher lors d’une catastrophe telle que Lubrizol, ou d’un incinérateur hyper-contrôlé et filtré, mais ils n’envisagent pas la pollution qu’ils créent eux-même dans leur « propre » maison quotidiennement. Il faut que ça brille que ça « sente bon le propre ».
Sentir le propre, c’est sentir le produit d’entretien. Ce que l’on met par terre pour nettoyer s’évapore et se retrouve dans l’air qu’on respire. Quelle est l’utilité de nettoyer les sols avec des produits qui tuent 99% des bactéries à moins de lécher les sols, de manger par terre ?
Il me semble que la pratique consistant à brûler des bougies parfumées ou le raccourci du pschiiiit, plus moderne, qui se déclenche en passant devant le détecteur de présence, est une nouvelle forme de religion. De nombreuses religions brûlent des encens et des bougies afin de chasser les mauvais esprits ou atteindre une purification de l’âme ou se mettre en relation avec le bon Dieu ou je ne sais quoi. Avons-nous affaire à une religion ? Je vois des diffuseurs anti-odeurs (3 ou 4 différents pour un petit espace clos), disposés comme des offrandes sur un hôtel. Dans les magasins on voit des rangées entières de produits plus longs que la nef d’une église. Allons-nous faire disparaître nos problèmes existentiels à coup de pschiiiiit ?
Le pschiiiiiit désodorisant, c’est ce que j’appelle le Syndrome d’Aspergée. Participe passé du verbe asperger. Aspergée de désodorisants. Dans les maisons de retraite où il y a des personnes très âgées qui pourraient agresser les narines de la jeune directrice ou des visiteurs avec l’odeur d’escarre ou autre, il y a des pulvérisateurs partout : les vieux peuvent partir ainsi bénis vers l’au-delà.
Les publicitaires et les industriels ont compris qu’il y avait une baisse de la religiosité et ont pallié à ce déficit en créant la notion de cure détox. Moi qui suis sans doute un esprit pur dans un corps pur (?!!), je ne ressens pas la nécessité de détoxifier mes boyaux, ni l’atmosphère de ma maison. Mais pour ceux qui ont beaucoup pêché, ceux-là peuvent acheter des produits aux huiles zessssssentielles, des produits ménagers, faire pousser des plantes détoxifiantes, boire du jus d asperge bio au petit déjeuner. Tout ça pour cacher ou éliminer le germe partout où il se loge.
Partout ? Sauf sur les mains. Là, on n’a plus que des lotions lavantes sans savon, des lotions désinfectantes sans savon, des pains de savon sans savon. J’ai vu des dames pulvériser frénétiquement du désodorisant sur du vomi et des diarrhées comme si cela allait faire disparaitre le risque de contamination de la gastro entérite, alors qu’il suffit de se laver les mains avant de manger.
Face aux Grandes Peurs du moment, je n’ose imaginer ce que cela va donner avec le coronavirus. On va nous bombarder d’aérosol antibactérien ? (Oui, ça existe malheureusement, j’en respire tous les jours dans ces maisons de retraite),
Pendant qu’on parfume de manière incantatoire le vomi avec de la framboise de synthèse, j’imagine le cancer qu’on aura tous, bien pire que le tabac naturel qu’on avait réussi à faire interdire dans les lieux publics.
Mais si les produits ménagers étaient mauvais pour la santé, « ils » ne les vendraient pas ?! Non, non, tout comme la cigarette, l’alcool, le saucisson, personne n’en vend.
Si chacun craint le gros industriel méchant, alors le petit commerçant de quartier tout mignon, tout gentil, connait sûrement mieux que tout le monde la toxicité des produits (bio bien sûr !) qu’il vend. Business is business : je ne crois pas qu’il y ait de petits commerçants gentils qui vaillent mieux qu’un gros industriel.
Il faut 6 grammes de thymol, (la molécule dans l’huile essentielle concentrée de thym) pour tuer un homme. Que du naturel pourtant ! Entre la toxicité aiguë (où on meurt) et la branchette de thym de mon ragout, il existe tous les degrés de toxicité chronique. A force de s’en coller dans les poumons en diffuseur d’ambiance, en inhalation contre le rhume, en infusion détoxifiante pour les boyaux et en massage aux huiles essentielles, on arrive à des doses toxiques chroniques. (Non, on ne meurt pas, on est juste légèrement malade en permanence).
Le tabac (plante naturelle et bio) est impliqué dans 40% des cancers, mais il en reste donc 60% non-expliqués, c’est-à-dire la majorité. Non-expliqués ? Vraiment ?
Les millions de contenants en plastique de ces produits ménagers, sont aussi polluants pour la planète que leurs contenus. Le cancer actuel de la planète est notre futur cancer à nous. On peut changer les habitudes, elles ne sont pas si vieilles.